Terreur des jeunes pousses, persécuteur du jardinier, Attila des salades : la limace n’est pas la bienvenue au jardin. Ces gastéropodes, considérés comme les ennemis jurés du jardin potager, sont mal-aimés. Évidemment, aucun cultivateur ne se réjouit de devoir ses précieux plants de légumes dévorés par ces petites choses visqueuses. Les limaces terrestres se nourrissent de plantes fraîches ou pourries, mais aussi de champignons. Mais si nous apprenions à les connaître un peu mieux, pourrions-nous être plus tolérants vis-à-vis des limaces ? On compte plus de 100 000 espèces de ces invertébrés dans le monde. N’ont-elles finalement rien à nous apporter ? Entre la limace et le jardinier, pourquoi tant de haine ?
Quelle est la différence entre une limace et un escargot ?
Pour commencer, distinguons la limace de l’escargot, qui semble profiter d’une meilleure cote de popularité.
Facile ! me direz-vous : l’escargot promène sa maison sur le dos, tandis que la limace se promène toute nue.
Toute nue ? Pas vraiment. En réalité, la limace possède un manteau qui protège ses organes vitaux : le cœur (oui, même la limace a un petit cœur qui bat !), les poumons et les organes digestifs et reproducteurs.
La limace et l’escargot ont beaucoup de points communs.
Ce sont tous les deux des mollusques terrestres qui apprécient les endroits humides.
L’escargot est équipé d’une coquille dans laquelle il peut s’abriter en cas de danger. Cette coquille l’empêche également de se dessécher lorsqu’il se trouve à la lumière, en pleine journée.
La limace, de son côté, n’a pas cette chance, car son manteau ne suffit pas !
Elle doit se dissimuler dans le sol ou sous une planche pour éviter la déshydratation. Elle y parvient sans difficulté et émerge de sa cachette souterraine une fois la nuit tombée.
Les limaces, comme les escargots, produisent un mucus qui leur permet de se protéger des prédateurs. Cette substance visqueuse semble bien peu engageante à la plupart d’entre nous.
Les vertus de la bave d’escargot sont pourtant reconnues. Elle aide par exemple à lutter contre l’eczéma et les cosmétiques à base de bave d’escargot rencontrent un succès grandissant.
Mais ne nous égarons pas : nous sommes ici pour parler des limaces. Ne laissons pas leur cousin éloigné lui voler la vedette…
Entre la limace et le jardinier, pourquoi tant de haine alors que les limaces peuvent avoir une utilité au jardin ?
Soyons francs : nous n’aimons pas voir les gastéropodes rôder dans notre potager et lorgner avidement nos chers plants de légumes.
Mais essayons de chercher en quoi les limaces peuvent avoir leur utilité au jardin :
- Elles attirent les hérissons, à qui elles servent de repas. Et les hérissons, on les aime ! Après tout, les limaces favorisent aussi la biodiversité.
- Les vers de terre s’alimentent des crottes de limace. C’est assez peu appétissant, mais on aime aussi les vers de terre, parce que malgré cette drôle de manie, ils sont nos alliés pour aérer le sol.
- Les limaces recyclent les végétaux et nourrissent le jardin de leurs excréments (un peu comme les vers de terre, finalement…). Leur mucus aussi enrichit le sol, et les galeries qu’elles creusent permettent de l’aérer.
- Vous pouvez alimenter vos poules avec les limaces dont elles sont friandes. Créez un cercle vertueux en utilisant les coquilles d’œuf écrasées comme barrière naturelle contre les gastéropodes.
- Elles raffolent des feuilles flétries et nettoient (un peu) le potager en éliminant les végétaux qui pourraient devenir pathogènes pour les nouvelles pousses.
Vous voyez, en cherchant bien, les limaces n’ont pas que des défauts !
Sept faits surprenants au sujet de la limace
Apprenez-en plus sur votre nouvelle amie :
- Elle ne peut se déplacer qu’en marche avant: la limace est incapable de reculer.
- Grâce à la sécrétion de son abondant mucus, elle peut se mouvoir sur une lame de rasoir ou un objet tranchant sans se couper. La limace est un véritable fakir !
- Ce gastéropode est hermaphrodite, c’est-à-dire qu’il est à la fois mâle et femelle. Il se reproduit deux fois par an en pondant des œufs.
- La durée de vie d’une limace est d’un an, mais certaines espèces peuvent survivre plusieurs années. Cela, seulement si aucun prédateur ne l’a dévorée avant cela, ou si aucun jardinier rancunier ne l’a délogée rageusement de son abri.
- Si vous osez approcher suffisamment — l’opération est normalement sans danger puisque la limace ne peut pas sauter — vous observerez un petit trou sur son flanc droit. C’est le pneumostome, qui s’ouvre et se ferme pour que la limace respire.
- C’est l’animal le plus lent du monde. Elle se déplace à une vitesse de 1 à 6 mètres à l’heure, selon les espèces. Même les escargots sont plus rapides. Voici un bon tuyau : si vous organisez une course de gastéropodes, misez sur celui qui possède une coquille.
- Les plus grandes espèces de limaces peuvent mesurer jusqu’à 30 centimètres (même en Europe).
Si votre jardin est infesté de limaces et que, malgré nos efforts, notre article ne vous a pas convaincu de leur utilité au jardin — ce que nous pouvons comprendre — essayez de trouver la raison pour laquelle tant d’individus indésirables s’invitent chez vous. Analysez les choses dans leur globalité : un déséquilibre de la biodiversité pourrait être à l’origine de cette invasion de gastéropodes gloutons. Bannissez les traitements chimiques qui peuvent être dangereux pour les auxiliaires du jardin et attirez-les. Quoi de meilleur qu’une bonne petite limace pour un oiseau ? Le festin est livré prêt à consommer sans avoir besoin de briser la coquille ! En attendant, collectez les limaces sous une planche que vous aurez déposée dans le potager, puis débarrassez-vous-en loin de chez vous. Et lavez bien vos salades…