Simple, économique l’irrigation par jarre est une technique très intéressante pour alimenter en eau son potager. Vieux de plus de 4 000 ans, ce système de micro-irrigation par pots en argile était déjà connu à l’époque de la Rome Antique. En France, cette technique d’arrosage est encore trop peu connue, et pourtant elle dispose de vrais et de nombreux atouts.
Irrigation par jarre ou « oya » mais aussi « ollas », un système très économique en eau
Vous voulez réduire votre consommation d’eau tout en participant à la protection de la planète en faisant un acte éco-citoyen ? Optez pour l’irrigation par jarre appelée aussi « oya » qui en espagnol, signifie « poterie en terre cuite ». Elle vous fera économiser entre 50 et 70 % d’eau ! Une performance exceptionnelle qui s’explique par le fait qu’avec ce système d’arrosage les plantes absorbent juste l’eau dont elles ont besoin et pas une goutte de plus ! Autre avantage : il n’y a aucune perte en eau puisque contrairement à d’autres systèmes d’irrigation, il n’y a ni ruissellement, ni évaporation. Et en plus, ces poteries en terre cuite sont écologiques puisqu’étant réalisées dans un matériau naturel, elles sont 100% biodégradables.
Comment ça fonctionne ?
L’argile étant une matière poreuse, lorsque la terre est sèche, l’eau contenue dans le pot enterré se diffuse à l’extérieur en infiltrant lentement le sol. Quand celui-ci est suffisamment saturé, l’eau ré-infiltre le pot. Ce système de vase communiquant très ingénieux assure une gestion de l’eau très économique. En maintenant l’humidité au niveau du sol, cette technique assure l’irrigation des racines des plantes qui sont cultivées dans un périmètre proche du pot. Dans la mesure où elles ont tendance à se développer autour de lui, elles ne consomment que l’eau dont elles ont vraiment besoin.
En fonction du volume de la jarre, du type de sol, des plantes à irriguer et du climat, la fréquence de remplissage en eau varie en moyenne entre 3 à 9 jours. Un vrai gain de temps car en fonction de la surface de son potager, arroser peut prendre parfois beaucoup de temps !
Concernant le remplissage de l’oya, il sera fonction de sa forme, de sa taille mais aussi de la température extérieure et des besoins des plantes. Quand le niveau d’eau a baissé de moitié, il faut remplir la jarre pour maintenir une humidification optimale tout en évitant la possible accumulation de sels minéraux qui pourrait gêner la circulation de l’eau.
Des légumes et un jardinier zen
Autre avantage : la jarre étant enterrée, l’eau est isolée par la terre ce qui lui permet de rester fraîche tout en assurant la régulation de la température du sol. Encore mieux, la diffusion de l’eau se faisant de façon souterraine, l’évaporation au niveau du sol est quasi-nulle. Adieu donc la corvée de désherbage fréquente au potager. Avec ce système, les mauvaises herbes poussent beaucoup moins, il y a donc moins de travail d’entretien à faire et les plantes sont plus zen. Fini, le stress hydrique ! Les légumes du potager peuvent se servir à boire quand ils en ont besoin. Exit également les maladies et les champignons provoqués par un excès d’eau. Quant à la terre, le fait de rester meuble et humide cela la rend plus riche en faune et en microflore.
Attention, si vous utilisez ce système d’irrigation pour vos semis, vous devrez absolument arroser la terre au début car il ne permettra pas aux graines de germer en surface.
Comment choisir son Oya ?
Il en existe de plusieurs formes et de plusieurs tailles. Il y en a des longues et étroites ou des larges plus ou moins profondes, tout dépend de la surface à irriguer et de la configuration du potager.
Le choix dépendra aussi de la latitude sous laquelle vous vivez. Si là où vous vivez, le climat est très aride, il peut être judicieux d’augmenter la taille de l’oya. A l’inverse, si le climat est plus tempéré, vous pouvez opter pour une taille de jarre plus petite. Idem selon le type de plantes que vous souhaitez irriguer. Des légumes qui consomment beaucoup d’eau comme les légumes-fruit (melon, aubergine, poivron, tomate, courge) ou les légumes-feuille (certaines salades, choux) vont nécessiter une taille d’oya plus importante que les légumineuses (haricots, fèves, pois) et les légumes-racine (carottes, panais, betterave rouge, topinambour) très bien immunisés contre l’aridité. Pour ce qui est des aromatiques, la sauge, le thym et le romarin ne sont pas gourmands en eau et pourront donc se contenter d’une taille de jarre plus petite.
Sachez qu’en moyenne, une oya de 15 cm irriguera dans un diamètre de 25 cm, une de 20 cm, permettra d’apporter de l’eau dans un rayon de 45 cm alors qu’une de 30 cm pourra irriguer une zone allant jusqu’à 90 cm autour d’elle. Plus la plante est proche de l’oya, plus elle bénéficiera d’une irrigation optimale.
Si vous avez un potager en terrasse ou en balcon, vous pouvez opter pour des oyas à planter. Elles fonctionnent exactement sur le même système et présentent les mêmes avantages. Elles sont en plus décoratives puisque la partie supérieure n’est pas enterrée, seul le pic l’est. Un bon moyen d’associer déco et économies !
Fabriquer sa jarre
Si vous êtes bricoleur, vous pouvez vous-même transformer des pots en terre cuite destinés normalement à accueillir des plantes, en système d’irrigation. Sur internet, vous trouverez des tutos, mais attention, ce n’est pas aussi simple qu’il y parait. Avant de vous lancer dans l’aventure, assurez-vous d’abord que vos pots sont bien poreux. Pour cela rien de plus simple : remplissez-les d’eau, l’eau doit alors s’écouler mais ni trop vite, ni trop lentement sinon vous risquez de ne pas obtenir l’effet escompté. Pour être parfaitement efficace une bonne jarre d’irrigation doit en effet respecter quelques règles de fabrication. Ne s’improvise pas fabriquant de jarre qui veut ! Leur fabrication nécessite un vrai savoir-faire professionnel. Avant tout, il faut disposer de la bonne argile rouge et ensuite choisir la bonne épaisseur de matière ainsi que la bonne température de cuisson pour obtenir la meilleure microporosité possible. Les matériaux utilisés doivent être 100% naturels et non nocifs pour ne pas polluer la terre et vos plantes. Renoncez aux oyas glacées ou vernies qui empêcheraient la perméabilité.
Comment installer son système d’irrigation par jarre ?
Pour les oyas à enterrer creuser un trou d’une profondeur égale à la hauteur et au diamètre de votre jarre, seul le haut doit dépasser pour permettre le remplissage. Tassez ensuite la terre autour de l’embouchure de la jarre.
Sachant qu’une fois en terre, l’eau mettra entre 24 et 72h pour circuler à travers la jarre. Vous pouvez accélérer le phénomène en la laissant tremper avant sa mise en terre.
Autre astuce : adaptées à toutes les cultures, les oyas peuvent même être reliées à un système automatique et être mises en série.
Pensez aussi à recouvrir votre jarre avec une soucoupe en terre cuite, un galet ou un couvercle en bois pour éviter que des insectes viennent pondre et que l’eau s’évapore.
Comment prendre soin de sa jarre ?
Très rustiques, les oyas ne nécessitent pas d’entretien particulier. Évitez dans la mesure du possible de les remplir avec une eau trop sale ou trop calcaire, cela risquerait de boucher les pores de l’argile. Si vous constatez un dépôt de calcaire important, vous pouvez les nettoyer avec du vinaigre blanc. L’idéal pour prolonger le plus possible la durée de vie de vos jarres est de les déterrer en hiver. Une fois lavées et séchées, entreposez-les dans un endroit sûr à l’abri des grands froids et des gelées. Même enterrées dans la terre et même si en général elles sont fabriquées pour résister à des températures négatives, elles peuvent quand même se briser sous l’effet du gel. Si vous décidez malgré tout, de les y laisser pensez à les vider de leur eau et à les protéger sous une épaisse couche de paille pour limiter tout risque de cassure. Attention quand même à ne pas les cacher sous une couche de paillis trop épaisse, au moment de vos travaux de jardinage, un coup de pioche pourrait leur être fatal !
Corine Carré
Le principe des Oyas est très intéressant, mais leur prix en France reste très onéreux je trouve. Un moyen d’arrosage pas à la portée de toutes les bourses, malheureusement…
Bonjour, oui en effet, c’est un vrai budget. Il est aussi possible de faire cela avec des pots et couvercles (soucoupes) en terre cuite ;).
C’est une méthode facile en mettre en oeuvre. J’ai fabriqué des oyas pour mon potager l’an passé avec des pots en terre cuite. Malheureusement, le temps a été si pluvieux que je n’ai pas eu l’occasion de m’en servir. J’espère bien me rattraper cette année !